Le colombier

Le colombier octogonal en brique de la ferme du Beauséjour date de la fin du XVIIe siècle. Son architecture est typique de l’époque par le jeu contrasté des appareillages de briques et de de pierres, notamment les harpages d’angle dont on retrouve trace dans de nombreuses constructions du village.

La ferme de F Mahé, dans le village : magnifique ensemble possédant un pigeonnier de forme octogonale, de 28 mètres de circonférence et comportant environ 3 500 cases qui daterait probablement du 18ème siècle.

Si nous supposons l’existence d’une toiture, nous devrions trouver une lucarne d’envol édifiée dans la charpente. Cette lucarne était fermée par un panneau de bois percé d’ouvertures calibrées aux dimensions des pigeons (10cm de diamètre), cela interdisait l’entrée des redoutables rapaces.

Le colombier a normalement un bandeau à mi-hauteur appelé larmier qui a pour rôle d’empêcher les prédateurs, comme la fouine et autres « puants » d’entrer à l’intérieur. Il s’agit d’un ressaut en pierre convexe présentant une forte saillie.
Une unique porte étroite, souvent tournée vers l’habitation principale, de façon à ce que les allers et venues soient surveillés, est située au ras du sol.

Toute la périphérie intérieure est tapissée de niches appelées « boulins ». En principe les premiers boulins s’élèvent au dessus d’un muret de garde d’environ 80 cm qui les met hors de portée du saut des rongeurs. Ces nids sont disposés en quinconce de façon à ce que les déjections des pigeons ne souillent les boulins de la rangée inférieure. Le nombre de boulins est proportionnel à la superficie du fief. D’après le droit coutumier en vigueur dans le nord de la France , le seigneur possédait un boulin par acre de terre soit environ 52 ares.

Le colombier, bâtiment spécifique pour l’élevage intensif des pigeons, présente à l’intérieur un aménagement étudié pour répondre aux exigences de salubrité, d’efficacité et de rentabilité. Pour accéder aisément aux boulins ou nids, les entretenir, ramasser la colombine, recueillir les pigeonneaux et les œufs, on se sert d’une échelle tournante appuyée sur une potence horizontale, reliée à un arbre vertical qui pivote sur une crapaudine par l’intermédiaire d’une pointe appelée foire.

Cet astucieux système ne laissant aucun angle mort est particulièrement bien adapté pour les colombiers circulaires. L’intérieur du colombier ayant été transformé, cette échelle a disparu.

Dans le Val d’Oise il reste plus de 100 colombiers, principalement dans la cour de vastes fermes céréalières du Vexin et de la plaine de France. Au Moyen Age, la construction d’un pigeonnier était l’apanage du seigneur, laïque ou religieux. Au nord de la Loire, en pays d’Oil, seul le seigneur haut justicier avait le droit de colombage. Mais il pouvait concéder ce droit à des seigneurs ayant censive et un domaine d’au moins 50 arpents. A partir du 16ème siècle, bien des agriculteurs aisés obtiennent de leur seigneur le droit de construire un colombier. Le privilège féodal a été aboli à la Révolution et l’élevage des pigeons s’est raréfié au XIXe siècle à cause de l’identification de ce bâtiment à l’Ancien Régime et également grâce à l’arrivée des nouveaux engrais qui rendaient inutile ces oiseaux.