Le Château de Vigny

Le château de Vigny

Le Château de Vigny
Le Château de Vigny

Les origines du village de Vigny sont assez mal définies. La plus ancienne citation connue est celle qui figure dans une charte d’Hugues II de Rouen en 960 à propos d’une chapelle Saint-Gildart, sise à Vigny.

L’historique du château commence sans risque d’erreur en 1504, avec Georges Ier, Cardinal d’Amboise, aumônier de Louis XI et premier ministre de Louis XII, qui aimait ce lieu tranquille et reposant. Il mourut en 1510, léguant Vigny à son neveu Georges II d’Amboise, archevêque de Rouen, qui l’habita fréquemment et agrandit le domaine par de nouvelles acquisitions sur le territoire environnant.

C’est en 1550, à Vigny, que mourut Georges II, laissant ce fief à sa parente, Madame Renée d’Amboise, qui le garda jusqu’en 1555, date à laquelle elle le vendit au connétable Anne de Montmorency. La devise de cette illustre maison « Alpanos » qui signifie : « sans errer ni varier », figure encore, taillée dans la pierre, au dessus de l’entrée principale du château. En 1563, le connétable lègue par testament le domaine à son troisième fils, Charles de Montmorency. A sa mort, en 1567, sa veuve Madeleine de Savoie prend le titre de Dame et Baronne de Vigny, qu’elle conserva jusqu’à sa mort en 1583. Après la mort de sa mère, Charles de Montmorency entra en jouissance de cette propriété, et y fit de nombreux travaux d’embellissement. Il mourut en 1612, sans héritier direct. Le domaine revint à son neveu Henri II, Duc de Montmorency, Amiral de France et filleul d’Henri IV.
Le château revint ensuite à sa sœur Marguerite de Montmorency, veuve du Duc de Ventadour. Elle mourut en 1660, léguant le domaine à Louis-Charles de Lévis, Duc de Ventadour, dont la fille unique, veuve en première noces du Prince de Turenne, fut remariée en 1694 au prince de Rohan. Elle mourut en 1727, laissant Vigny à son petit-fils Charles de Rohan, Prince de Soubise, Maréchal de France et ami inséparable du roi Louis XV dont il partageait tous les plaisirs. Ruiné, Charles de Rohan meurt en 1787. Auparavant, il avait été obligé, bien avant la révolution, de céder l’usufruit de Vigny à son fils adoptif, J-B Yvel, qui le garda jusqu’en 1788. Cet usufruit fut repris alors par Pierre-Nicolas Cominet. A sa mort en 1817, la terre de Vigny revint aux héritiers du Maréchal de Soubise.

C’est ainsi que le château de Vigny, depuis le début du XVIe siècle, a appartenu pendant :

  • 45 ans (1510-1555) à la famille d’Amboise.
  • 139 ans (1555-1694) à la famille de Montmorency.
  • 150 ans (1694-1844) à la famille de Rohan (sauf de 1822 à 1829, il appartint alors à M. Declercq).

La plus grande partie du château a été construite par le Cardinal d’Amboise et son neveu. La façade principale présente une analogie frappante avec le style du château de Chaumont sur Loire. Il est certain que les mêmes artistes ont travaillé à l’édification de ces deux monuments.

Le château se composait de trois ailes, reliées au fond par des constructions de peu d’importance. Elles étaient affectées aux dépendances et aux cuisines adossées à un rempart, formant ainsi une cour presque carrée comportant 6 grosses tours à mâchicoulis et deux autres tours carrées. Il semble que cet édifice ait été conçu et commencé tout au moins avant l’acquisition qu’en fit le Cardinal en 1504.

En examinant l’aspect extérieur du château – abstraction faite des ajouts ultérieurs – on constate qu’il se compose de deux ailes formant équerre et que les matériaux employés dans chacune d’elles diffèrent entièrement, comme nature, et comme utilisation. La façade principale est construite en pierre de taille, tandis que la façade Est est bâtie en moellons d’appareil irrégulier. Cette partie Est (côté église) est peut-être ce qui reste du manoir dont il est fait mention au XIVe siècle.

Les Ducs de Montmorency contribuèrent pour une large part à l’embellissement du château et de ses dépendances. Mais nous ne savons pas quand la sixième tour a été détruite, ainsi que toute l’aile droite (coté Ouest), le rempart et tous les bâtiments des dépendances qui formaient une cour presque carrée.

En 1867, le château est acheté par le Comte Philippe Vitali, qui y fait faire des travaux de restauration et d’augmentation par l’architecte Charles-Henri Cazaux. Celui-ci construit le gros donjon carré et la chapelle, qui viennent se placer aux extrémités des deux corps en équerre.

Après la grande guerre, le domaine fut acheté le 13 juin 1922 par le Comte Robert Le Coat de Kerveguen. Cette famille l’habita jusqu’en 1992, date à laquelle il fut vendu à M. et Mme Dewavrin, qui le revendirent fin 2001 à une société japonaise.

Le château reçut de nombreux hôtes célèbres :

  • En 1441, Charles VII et le dauphin, le futur Louis XI ; Henri II, une nuit en 1555 ; Louis XIII à plusieurs reprises, entre 1634 et 1636. Richelieu s’y rendait aussi pour rejoindre le roi de France.
  • En 1804, le général chouan, Georges Cadoudal s’y réfugia ; en 1813, Aimée de Coigny (la jeune captive d’André Chénier). Adolphe Thiers y séjourna plusieurs fois. En 1957, le président du sénat, Gaston Monnerville, fut accueilli au château, ainsi que l’abbé Fulbert Youlou, qui deviendra le Président de la République du Congo en 1960.

Le château est aujourd’hui inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques.